Nous adorons le musée Bourdelle, son architecture, son atmosphère, ses jardins et ses oeuvres, sa poésie, son charme .. Il a rouvert en 2023, après deux ans de travaux de rénovation. Le musée Bourdelle se situe dans les lieux occupés par le sculpteur pendant plus de 40 ans. Antoine Bourdelle s’installe à 23 ans dans cette cité d’artistes de Montparnasse. Le succès venant, il étend progressivement son territoire, d’atelier en atelier. Sa veuve Cléopâtre et sa fille Rhodia œuvrent pour l’ouverture du musée en 1949.

Certains espaces, comme l’emblématique atelier de sculpture, sont conservés dans un état exceptionnel. Passez également un délicieux moment au café restaurant baptisé Le Rhodia, prénom de la fille de Bourdelle.
Exposition Rodin/Bourdelle. Corps à corps
Une pure merveille ! Elle met en lumière la confrontation artistique de deux géants français de la sculpture : Auguste Rodin et Antoine Bourdelle.
Antoine Bourdelle (1861-1929) admira Auguste Rodin (1840-1917), de vingt ans son aîné. Il travailla pendant quinze années comme praticien, chargé de tailler des marbres pour Rodin. Le maître perçut en cet héritier, volontiers indocile, un « éclaireur de l’avenir ».
Parallèles, souvent superposées, les trajectoires de ces deux personnalités hors du commun méritent d’y consacrer une grande exposition. À travers plus de 160 œuvres, dont 96 sculptures, 38 dessins, 3 peintures et 26 photographies, le dialogue donne à voir, avec une ambition et une ampleur inédites, les fraternités et réciprocités comme les divergences et antagonismes de deux créateurs, de deux univers plastiques, porteurs des enjeux majeurs de la modernité : refus du naturalisme et de la vraisemblance, retour aux sources de l’antique et de la matière première, expressionnisme du modelé, esthétique du fragment, hybridations et poétique de l’assemblage, réflexion prospective sur le socle et le monumental, autonomie de la sculpture
et volonté d’épure qui ouvrent la voie de l’abstraction…
L’exposition se présente en 4 sections, avec en préambule au parcours une section liminaire, Hommages et Filiations, soulignant la puissance tutélaire, par un corpus restreint de photographies, de dessins offerts par Rodin à Bourdelle, de sculptures offertes par Bourdelle au musée Rodin.

Montage, épreuve gélatino-argentique à développement Paris, musée Bourdelle.
En 1881, Rodin obtient de l’administration des Beaux-Arts la commande de deux grandes figures d’Adam et Ève qu’il envisage de placer de part et d’autre de La Porte de l’Enfer. Exposé au Salon de 1881 sous le titre La Création de l’Homme, Adam fait explicitement référence à la nudité musculeuse des célèbres Ignudi [Nus] de Michel-Ange, peints au plafond de la chapelle Sixtine, à Rome (1508-1512). Désignant le sol, Adam semble s’arracher douloureusement à la terre originelle. Sept ans après, Bourdelle traite le même sujet dans un style académique marqué par Michel-Ange. Le geste de désespoir obéit à l’iconographie canonique d’Adam, accablé par le poids du péché originel.


Fonte Susse, 1990. Paris, musée Bourdelle
Partie 1 : L’âme du matériau
La première section interroge le rôle du praticien, montre pourquoi et comment Bourdelle devint les « mains » de Rodin, transcrivant dans la pierre des modèles en plâtre du maître, dont la magistrale Eve (prêt exceptionnel de la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague) constitue l’ultime chef-d’œuvre. Elle dit aussi la fascination réciproque des deux hommes pour le marbre et l’esthétique de l’inachevé.

Partie 2 : Esthétique du fragment
Cette seconde section souligne l’expressivité plastique d’un « corps en morceaux » – tête, main, torse –, auquel Rodin, le premier, confère une pleine légitimité.


Épreuve gélatino-argentique à développement.Paris, musée Bourdelle
Partie 3 : Le monument(al)
La troisième section, pose la question du déploiement de la sculpture dans l’espace. Initiées par Rodin, poursuivies par Bourdelle, les prospections autour du socle attestent leur désir de repenser et décupler les proportions. En revanche, la confrontation de Porte de l’Enfer et du Monument à Balzac du premier, de la façade du Théâtre des Champs-Élysées et du monument de La France du second, offrent une complète antithèse plastique. Au fourmillement vitaliste de Rodin, Bourdelle oppose sa capacité à contenir, maîtriser et architecturer.

de La Méditation d’Apollon pour le Théâtre des Champs-Élysées 1912
Plâtre. Paris, Musée Bourdelle

Partie 4 : Métamorphoses et hybridations
La dernière section s’intéresse aux centaures, centauresses, symbiose de l’animal, du végétal et de l’humain… Rodin et Bourdelle puisent dans le réservoir inépuisable de la mythologie pour explorer et libérer, en dessin comme en sculpture, les potentialités inépuisables de la forme.
Épilogue
L’exposition se clôt sur l’exploration de la figure debout dans la lignée de l’Homme qui marche de Rodin : l’Autoportrait sans bras de Bourdelle, Le Serf d’Henri Matisse (1869-1954), L’Homme qui marche de Germaine Richier (1902-1959) et l’Homme traversant une place d’Alberto Giacometti (1901-1966) mettent ainsi en évidence la postérité de la voie expressionniste rodinienne comme de la synthèse bourdellienne.
Informations pratiques
Exposition : Rodin/Bourdelle. Corps à corps. Jusqu’au 2 février 2025. Musée Bourdelle, 18, rue Antoine-Bourdelle, 75015 Paris. Tél. : +33 (0)1 49 54 73 73
www.bourdelle.paris.fr
Musée ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturne / le vendredi jusqu’à 20h. Prix : 10€
, réduit 8€. La réservation en ligne est fortement conseillée.
Catalogue RODIN BOURDELLE Corps à corps, direction d’ouvrage par Ophélie Ferlier Bouat, conservatrice en chef du patrimoine, directrice du musée Bourdelle et Jérôme Godeau, commissaire d’exposition, historien de l’art, musée Bourdelle. 23 x 30 cm, relié, 272 pages, éditions Paris Musées, 42 €.
ITINÉRANCE
L’exposition sera présentée à La Piscine – Musée d’art et d’industrie André-Diligent de Roubaix du 1er mars au 1er juin 2025 puis au Musée Ingres Bourdelle de Montauban du 27 juin au 19 octobre 2025.